UN MENHIR DE BRODERIE
. Jusqu'à la Révolution, la coiffe a déjà ses principales caractéristiques : une pointe et deux ailes.
Elle est plutôt peu appréciée et disgracieuse. On la qualifie même de : " barbare ", " bizarre "... Elle est encore petite et assez grossière :
c'est une simple pièce rectangulaire très peu brodée. La chevelure est retroussée en chignon.
. Mais en 1673, les édits sur le papier timbré sont le point de départ de la révolte des Bonnets Rouges dans le Pays Bigouden. La campagne s'enflamme. On se révolte notamment contre l'élévation des impôts de Colbert. Mais M. de Chaulnes, gouverneur de Bretagne, prend des mesures en s'attaquant à leur point faible : la religion. Il fera détruire six clochers.
Selon la légende, les bigoudènes auraient élevé leurs coiffes en guise de révolte contre ces clochers.
En réalité, cela aurait seulement engendré la naissance de la pointe.
Jusqu'à la fin du XIXè, elle est posée sur un koef bleo (bonnet de cheveux) et agrémentée d'un petit pignon, le beg (pointe), d'où le mot " bigouden ".
. Dès 1850 elle devient un véritable ornement et une source d'orgueil. Elle cesse donc d'être un couvre chef pour devenir une parure. De plus en plus de broderies, et même des couleurs apparaissent sur les différentes parties de la coiffe. Les cheveux sont tendus et lisses.
. L'envol de la coiffe entre 1900 et 1940 découlerait plutôt d'une sorte de concours entre les femmes du pays par désir de séduire, mais aussi par fierté. On parle souvent des brodeuses de Pont-L'Abbé. Elles auraient donc voulu montrer leur savoir-faire. C'est à ce moment que la coiffe a pris le dessus sur le costume. Des techniques de repassage et d'amidonnage sont élaborées ; même s'il n'en reste pas moins qu'il faut tout de même 30 minutes environ pour la fixer correctement !
Ajouté à cela qu'elle se pare de rubans, de lacets. Elle devient de plus en plus fine et riche de broderies presque transparentes. Autrefois brodées sur mousseline, elles sont aujourd'hui en organdi (mousseline en coton).
. La deuxième guerre mondiale avait déjà sonné le glas du port de la coiffe : trop exubérante ou trop fragile, elle n'est pas vraiment en accord avec la vie moderne. En effet comment peut-on faire de la moto ou circuler en voiture avec une " bigouden " de 32 cm de haut ? Ajouté à cela qu'elles sont difficiles à mettre en place, à repasser, et froides au cou en raison de leur empois glacé.
Elles connaissent encore quelques années de sursis jusqu'à 1940 lors de l'exode vers les villes.
. Aujourd'hui on retrouve les coiffes dans tous les festivals bretons, et ceci quelles que soient leurs tailles.
Bien sûr, les coiffes dont la taille se situe entre 32 et 35 cm sont les plus en vogue, car s'accordent parfaitement avec l'image qu'ont les touristes de la coiffe bretonne.
La bigoudene sort de son trou
La naissance des bigoudenes
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