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BIBLIOGRAPHIE : LES 12 ALBUMS CORTO MALTESE
Ici, les albums de cette série d’Hugo Pratt sont classés dans l’ordre chronologique
de la vie de Corto Maltese.
1904-05 La jeunesse
(La Giovinezza), parution : 1981.
Cet épisode originel se situe tout à la fin de la Guerre russo-japonaise (1904-1905). L’armée
russe est défaite, mais l’un de ses généraux refuse de se plier au cessez-le-feu signé par son
état-major avec les Japonais et continue de se battre. Trois jeunes gens, âgés d’une vingtaine
d’années, font tour à tour leur apparition dans l’Histoire. Raspoutine, officier russe qui a
tué plusieurs de ses propres soldats, est aidé dans sa fuite par le jeune Jack London, personnage au
centre du récit est alors un reporter de guerre qui « écrit des romans d’aventure » (« Donc [il doit]
vivre des aventures »). Le romancier confie évidemment le Russe à Corto Maltese. La suite est
connue : London deviendra célèbre et les deux autres ne cesseront de se croiser, rencontres qui
leur permettront de réaffirmer constamment leur amitié…
Ce récit est, ainsi que tous les autres,
très documenté, mais les événements historiques ne viennent jamais cacher ni brouiller les
péripéties des principaux protagonistes. Au contraire, la précision de l’arrière-plan
historique rend cette première aventure du marin crédible.
1913-15 La Ballade de la mer salée
(Una ballata del mar salato), parution : 1967.
L’intrigue, assez traditionnelle, ou plutôt les intrigues enchevêtrées les unes dans les autres, font
découvrir au lecteur la plupart des personnages principaux : Raspoutine embarque sur son catamaran
Corto, qui dérive sur un radeau à la suite de la mutinerie de son équipage. Tous deux travaillent pour
le compte du mystérieux Moine, ‘maître’ de tous les pirates du Pacifique, pour lequel ils attaquent
des navires marchands dont ils revendent la cargaison aux Allemands. Sur ce catamaran se trouvent déjà
deux adolescents pris en otage, Caïn et Pandova, que l’on retrouvera dans de prochains albums.
1916-17 Toujours un peu plus loin,
parution : 1970.
Pratt relate dans cet album les aventures de Corto en Amérique du Sud et dans les Caraïbes.
1917 Sous le signe du Capricorne,
parution : 1970.
…et ce n’est pas un traité d’astrologie mais un recueil des premières aventures de Corto Maltese.
« Corto Maltese se reposait paresseusement sur l’unique véranda de la pension Java à Paramaribo
(Guyane hollandaise). On voyait tout de suite que c’était "un homme du destin" ». L’incipit est
révélateur et les premières aventures qui le suivent annoncent très fidèlement celles qui suivront,
puisque tous les éléments et tous les ressorts qui rythmeront les chapitres ultérieurs y sont déjà
contenus : rencontres de fortune (le professeur Jeremiah Steiner, le jeune Tristan Bentham), amitiés
douteuses et troubles (Bouche dorée, l’inévitable Raspoutine), intérêts personnels et nobles causes,
quêtes (Mû, déjà…) piraterie, réel et imaginaire entrelacés, … Et, à défaut de pouvoir trouver
une morale à chaque épisode, au moins peut-on relever quelques vérités distillées par Corto, telle «
Je pense que les femmes seraient merveilleuses si tu pouvais tomber dans leurs bras sans tomber entre
leurs mains » - mais alors, quelle serait la source de toutes les aventures du Maltais ?
Pour ce qui est de l’histoire, la résumer serait la trahir. Mieux vaut donc feindre l’amnésie…
[Petit clin d’œil à un événement des dernières pages de cet album…]
1917-18 Les Celtiques
(Le Celtiche), parution : 1972.
Il est composé de six très belles histoires, toutes en rapport avec la Grande guerre.
>Sans vraiment l’avoir cherché, Corto rend service à l’armée italienne, mais poursuit
surtout sa quête des sept villes d’or de Cibolá, qui constituent le mythique El Dorado, objet de la
convoitise d’un certain Ange à la Fenêtre d’Orient.
>Le marin persiste à vouloir se battre pour des buts qui ne sont ni ceux de la Triplice, ni
ceux de l’Entente, Sous le drapeau de l’argent. Si son rôle et son camp ne sont pas clairs dès les
premières cases et si Pratt prend plaisir à faire attendre, Corto en personne finit par tout expliquer
avec son flegme habituel.
>En Irlande, Corto écoute avec attention le Concert en o mineur pour harpe et nitroglycérine
Banshee O’Danann et ses camarades de l’IRA, pour certains vrais traîtres et pour d’autres faux lâches,
jouent sur la harpe du Sinn Féin ; et il contribue à la lutte pour l’indépendance par quelques actions
aussi ponctuelles que décisives.
>Dans un long Songe d’une nuit d’hiver, le fils d’une Gitane maltaise et d’un marin des Cornouailles
parvient à sauver Puck, Morgane, Merlin et les autres de l’invasion saxonne de Walkyries qui menace
la « Celtique enchantée ».
>Venu en France pour boire du vin, Corto se trouve malgré lui et par amitié pour Caïn
Groovesnore mêlé à un Burlesque entre Zuydcoote et Bray-Dunes, qui réunit la fée Morgane, Merlin
l’amant éconduit, une grenouille, un chat américain et le paladin Roland. Malheureusement, tous ces
personnages sortent un peu de leur rôle, mais tout finira bien malgré un peu de casse : le baron
Rothschild invite Corto dans son Château en Gironde, où le marin peut satisfaire ses envies œnologiques.
>Toujours passionné d’œnologie, Corto se trouve sur le front avec deux bouteilles de Côtes
de Nuits très convoitées. La situation ne se prête pas à leur dégustation : la bataille fait rage
entre Clem, tireur australien qui s’entraîne à grand renfort de Côtes de Nuits et [les] roses de
Picardie avec lesquelles le Baron rouge fleurit les carcasses des avions qu’il a abattus. Comme
d’habitude, Corto intervient avec flegme et sans fracas, mais avec efficacité, là où on ne l’attend pas.
1918 Les Ethiopiques
(Le Ettopiche), parution : 1973.
Rencontre entre le maltais, Corto, et le guerrier de la tribu Ben-Amir, Cush, en Somalie dans cet
album. Ils se lient très rapidement d’amitié, et leur première aventure en commun se déroule alors
dans le pays de l’encens, du sental et du mimosa. Pratt y relate aussi la rencontre de Corto avec
Shamaël, devin redoutable (ou plutôt ‘poison de Dieu’), dont il est parfois préférable de ne pas
écouter les prophéties… Album dans lequel l’auteur laisse libre cours à son imagination ; le
surnaturel et les ‘forces supérieures’ y jouent un rôle important.
1918-20 Corto Maltese en Sibérie
(Corto sconta detta Arcana),
parution 1975.
Avec cette histoire le lecteur est emporté en Sibérie, où l'on retrouve Raspoutine et où Corto est à
la poursuite d’un train chargé d’or. Pour y parvenir, il doit, avec ‘l’aide’ de Raspoutine, faire face
aux derniers représentants de l’aristocratie russes, à des triades chinoises, et à un chef de guerre
russe de l’armée contre-révolutionnaire, le Baron Ungern-Sternberg soutenu par sa horde de pillards,
qui souhaite fonder la ‘Grande Mongolie’.
Cet album a d’ailleurs été brillamment adapté au cinéma : Corto Maltese, la Cour Secrète des
Arcanes est sorti en septembre 2002.
1921 Fables de Venise
(Favola de Venezia), parution : 1977.
Dans ce huitième album de la série, c’est au tour de Venise d’être passée au crible : ses sociétés
secrètes, ses canaux, ses cours magiques et mystérieuses…. Et partout des énigmes à résoudre. En un
mot, le bonheur pour notre héros maltais.
1921-22 La maison dorée de
Samarkand (La casa dorata di Samarcanda), parution : 1980.
Corto est cette fois ci en Turquie, et l’aventure concerne le général turc Enver Pacha (un des
organisateurs du génocide arménien), et le mouvement des ‘Jeunes Turcs’. Dans cet épisode, Corto tente
aussi de libérer son ‘ami’ Raspoutine, emprisonné dans la maison dorée de Samarkand . Cette aventure
est également jalonné de multiples rencontres : Chevket, le double de Corto (présage de mort selon sa
mère), Shamaël (une sorte de Satan qui réapparaît sous le nom de Sheitan, Venexiana Stevenson
(Raspoutine au féminin : prête à tuer si elle le juge bénéfique, elle peut aussi être d’une aide
précieuse) et Marianne (actrice en quête de reconnaissance qui prend Raspoutine en affection, au plus
grand dam de ce dernier…).
1923 Tango
(Tango y todo a media luz), parution : 1985.
Corto retourne ici en Amérique du Sud, plus précisément à Buenos Aires, où certains soirs deux lunes
éclairent la nuit… Le scénario est plus complexe qu’il ne paraît : Corto doit retrouver les traces
d’une amie et de sa fille, Louise Brookszowyc (dont il avait déjà pris soin dans Fables de Venise),
morte accidentellement. Il croise alors sur son chemin un certain Butch Cassidy, puis Habban, redouté
et puissant….
1924 Les Helvétiques
(Le Evetiche), parution : 1987.
L’imagination de Pratt conduit Corto, qui se trouve alors dans un paisible village suisse, à rencontrer
Herman Hesse en compagnie du professeur Steiner, avant de croiser successivement la Mort, le chevalier
Klingsor, King Kong, Jeanne d’Arc… Dans ce monde mystérieux, l’auteur présente ses références
historiques de manière humoristique, parfois ironique, ce qui fait de cet album l’un des plus beau de
la série.
1925 Mû,
parution : 1988.
Une sorte d’album de synthèse où presque tous les personnages sont présents : embarqué sur le voilier
de Levi Columbia, « riche homme d’affaires à la recherche du passé », et plus précisément du continent
de Mû, monde perdu de l'Atlantide, Corto rencontre les platoniciens Timée et Critias, trois pirates qui
« fument [et boivent] leurs rêves », des pêcheurs indiens, des hommes-jaguars, des hommes-mystères,
une jeune aviatrice, le grand prêtre du soleil caché, le frère Brendan de Kerry, un Sarde, des
amazones, un descendant de Cuchulain, un prince, un roi et une reine, un vieux Chinois, …
Le labyrinthe dans lequel Corto s’engage présente aussi une flore et une faune très riches : la
feuille de Temecalt « qui fait voyager dans l’autre réalité », des caïmans, des papillons, des
scorpions, des champignons magiques qui aident à retrouver son chemin, …
On lit comme en songe cette « plus étrange aventure de Corto Maltese » (dixit Pratt lui-même) qui
tient autant de la légende sacrée que de l’hallucination, du roman d’aventures que du mythe initiatique.