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LE GOUREN OU LA LUTTE BRETONNE


La lutte se pratiquait déjà au moyen âge et elle déplaçait beaucoup de monde.
Elle est sans doute le plus ancien des sports bretons, celui où excellaient les campagnards et les citadins et pour lequel ils avaient une véritable passion. Les enfants aussi s'y adonnaient.
Les anciens estimaient que la vigeur, la souplesse et l'agilité étaient des qualités qui faisaient de bons travailleurs et à l'occasion de bons soldats.
En se sens, les seigneurs bretons encouragèrent la lutte. Ils s'attribuaient comme un privilège féodal le droit d'organiser des luttes et d'en répandre le goût dans le peuple.
Les Bretons, qui ont toujours eu un penchant pour les jeux de forces s'y adonnaient avec fougue, y compris des nobles et même des prêtres qui ne dédaignaient pas d'enlever leur soutane pour en entrer au combat.
L'histoire de France nous fournit d'ailleurs les preuves que de tous les temps les Bretons ont été des lutteurs réputés. Leurs qualités de combativité, d'endurance et de tenacité étaient très enviées.
C'est une lutte de corps à corps entre deux athlètes vêtus d'une chemise de toile. Elle se pratique uniquement debout.
Le but du combat est d'obtenir un tombé particulier appelé "lamm" qui est la chute sur les deux omoplates. Les deux lutteurs s'empoignent à la chemise par les mains, les jambes ne pouvant s'accrocher qu'aux jambes.
Le crochet de jambe appelé "kliked" est une attitude typique de la lutte bretonne.
Le refus de combat est sanctionné. Les lutteurs doivent attaquer ou se laisser attaquer. Pour preuve de de leur loyauté, en début et en fin de combat, les lutteurs se font l'accolade, de même qu'ils se serrent la main, avant chaque empoignade.

Le serment du luteur :
Autrefois un serment de loyauté est prêté avant chaque compétition par tous lutteurs. Ce serment est généralement précédé d'un petit défilé au son de la bombarde et du biniou.

La tenue d'aujourd'hui :
Le luteur est pieds nus, en culotte de sport et chemise de lutte. Celle-ci est confectionnée en toile écrue. Elle porte une ceinture au niveau de la taille.


Deux lutteurs au début du XIXè siècle en "bragou braz", les cheveux liés par un brin de paille.
Gravure illustrant une édition du XIXè siècle de l'ouvrage de Cambry :
"Voyage dans le Finistère" effectué en 1794


Les prix :
Si les prix ont toujours existé en lutte bretonne, leur valeur a toutefois varié suivant les époques, les lieux et l'importance des tournois. Ce pouvait être des mouchoirs, des chapeaux, un paquet de tabac, de l'argent, un mouton et même un taureau.
Aujourd'hui, c'est une écharppe une médaille ou encore parfois une petite somme d'argent symbolique, un mouton, une faïence. Mais l'important pour le lutteur, c'est d'abord l'honneur de la victoire.

Règlement du combat :

Après la prestation du serment les lutteurs engagent les combats. La victoire peut être obtenue par le lamm qui met immédiatement fin au combat, ou par le kostin qui est un résultat proche du lamm.
Les fautes de main au sol, brutalité ou refus de combat sont sanctionnés.
La durée du combat qui fut limitée à 10 mn en 1930 est aujourd'hui de 7 mn pour les seniors. En cas, d'égalité à la fin du combat, le vainqueur est désigné après prolongation.
Dans chaque compétition l'arbitrage est assuré par trois arbitres à égalité des droits. Les termes qu'ils utilisent sont :
Lamm, kostin (point), fazi (faute), kein (avantage), diviz (décision), kouezh (1er tombé), dilez (abandon), divrud (disqualification), et ehan (arrêtez), diwall (avertissement), e-kreizh (au centre).



SCAER - Vue générale des luttes le jour du pardon -
(début du XIXè siècle)